mercredi 2 novembre 2011

Journal du Monde n°27 : Je suis nourrie par le confort de l’étude et la richesse de l’amour


C’est primordial.

Mais salaud : voilà un an que je n’ai rien à dire. Les sujets m’échappent. C’est que le bitume de l’université et les joies du RER A ne ravivent pas les méninges, si ce n’est que, un tant soit peu, ils agacent.

Et maintenant, me voici depuis quelques semaines de retour de l’autre côté de la frontière. Là où il fait froid et où on parle une autre langue. Je côtoie la capitale mais ne l’occupe malheureusement pas, réside dans un Versailles allemand où le trop plein de pavé et la végétation empêchent la concentration humaine – je m’emmerde. Il faut que je circule mais Berlin est victime de son succès : elle déborde de Français et autres européens et le mètre carré si peu cher est trop prisé. Je m’efforce à la tâche, crois en ma chance.

En attendant, je m’essaye au buchage si propre au juriste et d’autant à l’université goethéenne- double peine. La bibliothèque va finir par me connaitre plus que réciproquement.

De temps en temps, quand même, je pose mon grand corps dans un wagon pour me faire transporter dans cette cité si particulière. Où l’original prime sur le conditionné, où rien ne se perd et tout se transforme. Où la jeunesse ne s’arrête pas. Où la crise n’a pas encore complètement percé.

Et quand je ne fais rien de tout ça, mon cœur prend la place de mon cerveau et je suis surprise d’être entachée d’un sentiment que je ne connaissais pas : le manque. J’ai le béguin pour « du lourd, un truc qui change des autres et qui n’est pas routinier. Qui m’apprend, tous les jours. Qui a les idées en place. Et les choses aussi : une belle queue entre deux couilles et un cerveau au sommet de sa personne, avec un cœur entre les deux. Qui s’attache à moi autant que moi à lui – la différence est mauvaise en matière de sentiment. Un truc qui ressemble à la perfection »*. Bingo !

Le manque ? « Se branler avec mélancolie ». Je deviens gaga, ne jurerais que par ma liaison et son composant. Parce que c’est passionnant et que je n’y vois pas d’analogie faisable.

Céline

*Journal du Monde n° 22

vendredi 19 novembre 2010

Journal du Monde n° 26 : Ca me fout la gerbe


Dixit ma sœur.
Piégés, fusillades, sort, crash, rival, agressif, opposition, sécurité, dernier-espace-de-liberté, impôt, Copé, menacé, extrême droite, contre, survivant, banlieue, sanction, panique, millions d’euros, tensions, guerre, inflation, fauchée. Nous sommes le dimanche 31 octobre et la une du Monde n’est pas plus amère que d’habitude. Halloween n’est que commerciale. Seulement les sujets changent de temps en temps, quand le premier a été suffisamment foré et que, de toute façon, on a d’autres chats à fouetter. Les cafarderies politico-médiatiques d’héritiers normaliens font marcher les affaires. De fond en comble, le monde se polutise. C’est comme ça, il faut attendre la vingt-cinquième page du journal pour en lire quatre sans souci.
Mon grand grain me dit que La petite semaine de notre grand Canal est rigolote ; c’est « le décalage des informations ». Ailleurs, on affirme que la démocratie, c’est le vote pour tous, le respect des droits de l’Homme et une République où la majorité est heureuse. Ah oui. Bah merde.
La jeunesse populaire. Attends, je « mets mes lunettes et écoute comme ça pue » (merci Mimi). Mais oui, ça fouette ardemment ! Les fanas politiques, de surcroît sarkozystes (dût-t-on supputer que, à défaut de tirer un coup, le fait les réconforte), à ramoner tout un lot de conneries, perdent leur seule once d’humanité. Qu’entends-je ? – Nous sommes tous racistes, les femmes qui réussissent ont un caractère d’homme (Miss Maggie !) et la bonne culture appartient aux Français. Ahah. J’ai pourtant cru comprendre que nous faisions, tous autant que nous sommes, partie de la « race humaine » : c’est vérifié, même à l’extérieur de la capitale.
Finalement, on s’emmerde. Si on se bougeait le troufignon ? Bamos aux vraies valeurs. Je veux un concert de Brel, Marley en première partie. En revanche, on n’y rentre qu’à poil.
Allez, salut, y’a sœur Thérèse sur TF1.

lundi 8 février 2010

Journal du Monde n°25 : Y’en a plein la caboche


Que je me concentre, d’abord sur ce qui se dit, puis sur ma concentration. Je deviendrai un as. Mais là, ça m’emmerde, j’ai les yeux qui biglent. Je trouve la capacité mémorielle de l’être humain d’une extensibilité extraordinaire. J’ai la caboche énorme (60 de tour, c’est familial) et pleine d’apprentissages ; et, sauf quand c’en est trop, elle accepte l’accumulation.

Les scientifiques font la distinction claire. Le rôle de la mémoire de travail est primordial dans le processus cognitif – compréhension, apprentissage, raisonnement, résolutions, etc. Elle est volatile. A côté d’elle, la mémoire long terme est illimitée et permanente. Il faut voir l’importance de facteurs officieux comme l’attention, la motivation, les intentions qui font que l’Homme (homme ?) oublie ou non. « Se concentrer signifie réunir le tout autour d'un centre, ramasser, focaliser. Par la concentration mentale, le mental se focalise sur un but unique sans pouvoir sauter d'un sujet à l'autre durant une période fixée de temps. L'opposé de la concentration est la dispersion, la dissipation ».

Et le problème, il est bien là. J’en ai plein la cervelle, des rêves et des idées ; c’est égoïste et moins intellectuel, certes, mais ça me passionne une once plus que le passage d’une charte à une autre, que les éléments constitutifs de l’Etat au XIXème siècle. Surtout, ça ne me ronge pas l’organisme et quand ça me fait fermer les yeux, c’est pas pour les mêmes raisons. Mais, dans un monde « d’anarchie et de soif de pouvoir » (dixit les réalistes), la réalisation de l’un ne va pas sans l’exécution de l’autre. Alors j’y vais parce que, quand bien même, c’est intrigant. La réflexion a son comble.

Et malgré tout, je suis frustrée. Je voudrais avoir une vie plus longue et un cerveau – thaumaturgique – encore plus élaboré. La gestion est nécessaire, le droit une arme utile, la langue enrichissante. J’ai fait les trois. Mais ô, les maths me travaillent, j’aspire au bâtiment, la science est bienfaisante, l’éducation sagesse, la musique extravagante. Mais je devrai me suffire aux livres et aux discussions.

C’est d’ailleurs étrange d’étudier cette spécificité, la plus énigmatique, d’après moi, après le big-bang et l’infini ; c’est la spécificité d’un corps, on a pourtant tous le même : deux jambes, deux bras, une face avec des trous et des bosses et un cerveau – ils ont été d’une vivacité hors du commun. Trop vivace ? A tel point que chacun a progressé comme il l’entendait et que nous sommes bien différents les uns des autres : à chacun ses rêves et parfois difficile de se saisir de ceux des autres. Lavoisier dit que « l'homme naît avec des sens et des facultés ; mais il n'apporte avec lui en naissant aucune idée : son cerveau est une table rase qui n'a reçu aucune impression, mais qui est préparée pour en recevoir. »

C’est que l’imaginaire est individuel. Chacun s’en fait, « c’est de la mémoire fermentée ». Je ne sais pas s’il précède ou s’il est réalité. En tout cas il fait rêver et la réalisation est ma superbe quand elle est rare – c’est le zénith.

Je suis à bloc.

Céline

jeudi 3 décembre 2009

Journal du Monde n°24 : les proxénètes ont bu le calice


Puisque la crise vous manque ou que la grippe vous gonfle, alors je viens vous parler, à vous mesdames, à vous messieurs, du plus vieux métier du monde, le racoleur des plus beaux outrages, celui dont les synonymes excèdent de poésie, la source de bien des procès. Ne serai-je en être trop vulgaire, je viens vous parler de prostitution. Prostitution active et passive, prostitution de luxe et maisons d’abatage, prostitution réglementée, abolie, prohibée. C’est selon, les sanctions diffèrent. La France punit l’agent, les pays nordiques le payeur. Et puisque, de toute façon, son existence est inévitable et que ses conséquences aussi (entendez violence et virus), l’Allemagne, entre autre, l’officialise. Attrait touristique ?

Des études montrent que le trafic de charme rapporterait soixante milliards d’euros annuels pour quatre millions d’ouvrier(es) actives ; c’est que c’est une branche sans chômage, au moins. Ou pas ? Oui, les proxénètes subissent. La crise les a touchés : ils accusent une baisse de 20%. Pas coulé : eux aussi ont trouvé la solution. La prostitution est une véritable industrie et elle mérite considération.

Berlin est championne en matière d’écologie et proposait à ses consommateurs (de sexe) une appréciable ristourne à la présentation de leur vélo. Aussi, petite offre commerciale : pour soixante-dix euros et avec les brebis de son choix, l’homme allemand (ou pas) avait le droit de s’offrir à foison des plaisirs charnels. Saucisses et télévision comprise. Qui a dit que l’Allemagne n’était pas accueillante ? « Sex mit allen Frauen, so oft du willst, so lange du willst, und wie du willst ».

J’accuserai publicité mensongère. Parce que la courtisane peut refuser. Que, moyennement, la durée de l’acte sexuel se borne à vingt minutes et que, pour la remise, l’homme de vingt ans nécessite dix minutes seulement quand l’homme de soixante-dix ans doit attendre trois jours. La vieillesse est-elle rentable ? Certains précisent : tout est possible, rien n’est obligé. D’autres sont dépourvus d’arguments quand ils se justifient par la comparaison, puisque personne ne rouspète quand on solde les jeans à moins de dix euros.

Alors, qui a dit que le charnel était hors business ? Je me retourne vers vous.

Céline

lundi 7 septembre 2009

Journal du Monde n°23 : european sociology ?


Oh le retour ! Mois + 3. Et que le temps ne me laisse pas de sa personne. Le prolétariat moderne me sabote la colonne vertébrale et me permet de visiter l’Europe au mois d’aout. Appréciable. Aujourd’hui, c’est moi qui accueille l’Allemand outre-rhin, sur la Seine. Ou la Marne. Puisque Paris n’est pas Zwickau. Vendez la peau de vos couilles et jetez l’éponge quand l’administration parisienne n’est pas foutue de trouvez à l’arrivant un 10m² respectable. Il ne dérange personne mais se lassera plus vite que ses hôtes de la dépendance à une famille qui n’est pas la sienne. A chaque Land son caractère !

Il faudrait s’user à faire de la fausse sociologie européenne. Puisque je me passionne à visiter chacune des capitales du continent, je voudrais les estimer. Il me faut un point de comparaison. Voyons. Prix du houblon. Proportion d’obèses. Coût de l’habitable. Combien de métros. Quantité d’IKEAs. Valeur de la nicotine. Nombre de Chinois. Utopie professionnelle de l’habitant (Arnaud me devance dans l’étude). Et quoi d’autre encore. Soyons objectifs.

Meine Meinung nach. Bucarest est laide, peu accueillante mais largement abordable. Stockholm est chère et magnifiquement transie. Berlin est artistique et historique. Leipzig m’est subjective. Dublin est pluvieuse mais heureuse. Séville est familiale, festive et nocturne. Paris est prétentieuse mais je le lui permettrais : sa grâce et son magnifique m’épatent.

Mon utopie professionnelle à moi, serait – peut-être – d’être linguiste, mais polyvalent (planétaire ?). Linguistique : étude du langage humain, des mécanismes du langage d'une façon très générale. Je pourrais par la même m’expliquer (à défaut de ne pouvoir être utile à une humanité complète) pourquoi chaque peuple a son injure favorite (critère socio ?). Le Fucking anglais, Scheisse allemand, Putain français, Coño espagnol. Et pourquoi, des îles Fidji à l’Alaska, plus ou moins quiconque se surprend inlassablement à devoir toujours les utiliser. J’entendais, dans une émission sérieuse, que l’utilité en était scientifiquement (alors j’y crois) prouvée puisque le fait serait réellement libérant – entendez partie intégrante de la démarche suivie, fonctionnelle dans l’accomplissement de l’objectif. On pourrait vérifier puisque, par exemple, le débit hispanique d’outrages verbaux est assez fulgurant. Les Roumains devraient en inventer encore plus.

Ou pas. Restons gracieux. Il y a des beautés qui m’ébahissent, des contraires qui me rendent détestable. Je voudrais toujours en savoir plus.

Bonsoir, Europe.

Céline

dimanche 28 juin 2009

Journal du Monde n°22 : Und jetzt ?


J’ai cru comprendre, par mon éducation et quelques raisonnements personnels, que de s’intéresser, et encore plus de s’identifier, à des épisodes télévisuels fictifs, de surcroit américo-américains, relève d’une certaine incohérence. Il me semble être assez réaliste pour ne pas avaler n’importe quelle connerie et poser mon cul devant un écran de télévision n’est pas tout à fait ce que je préfère, mais quand même. La destinée de Carrie Bradshow s’est arrêtée pour moi hier soir (en fait le 11 juin). Et je m’en suis apitoyée - je n’étalerai aucune explication au fait puisqu’il est regrettable. Mais les quatre vagins, regroupés, ressemblent aux miens. Et je débattais il y a quelques jours. Was ist das Leben, sonst lieben und entdecken?


J’ai eu le temps, en dix mois, de profiter. Oooh oui. Ni trop, ni pas assez – c’est mon avis. C’est ma période, inhabituelle, un peu eau-de-rose ; je me pose bien des questions au sujet de l’indépendance. Pas celle dont on nous rabâche les oreilles – sexe, drogue, alcool – mais celle qui change la vie, je crois. C’est que ma sœur se marie, que mes cousines enfantent, que j’ai suffisamment expérimenté mon esprit et que an amercian girl in Paris, part II m’a faite chialer. Parce que c’est beau. Je ne m’attache pas beaucoup aux sentiments amoureux, ou alors pour un certain temps et les habitudes m’ennuient. J’oublie et passe à autre chose. Certains m’apostrophent – je suis « libre ». Et puis ? Je prône, pour l’instant, cette indépendance. Je ne la vois ni ne la veux éternelle puisque elle nous doit de supporter la solitude, ce que je trouve assez triste. Mais jusqu’ici, elle m’a laissé m’amuser. Et découvrir.


Und jetzt, warum nicht die große Liebe ? Celui qui t’encule parce que tu ne t’y attendais pas et parce qu’il te prend à la gorge et te fait brûler le ventre. Je veux du lourd, un truc qui change des autres et qui n’est pas routinier. Qui t’apprenne, tous les jours. Qui a les idées en place. Et les choses aussi : une belle queue entre deux couilles et un cerveau au sommet de sa personne, avec un cœur entre les deux. Qui s’attache à moi autant que moi à lui car la différence est mauvaise en matière de sentiment. Un truc qui ressemble à la perfection ? J’y crois.


J’y crois même si la gente masculine relève parfois du primitif. Je visitais les lieux de travail de nos ouvriers et y vérifiait que pas un seul ne se privait d’un joli (ou pas) 90-60-90, à poil et sale gueule en prime. Mais le fait est paradoxal. Il semble effectivement que l’homme plus que la femme touche davantage à la gagaterie lorsqu’il est entiché. Et ca, c’est universel !


Je me veux d’être forte pour me faire avancer. On verra bien ce que ça donne.


Céline